Les pharmacies sont malades. Selon un rapport de l’Ordre national des pharmaciens, publié en 2016, en France comme en Normandie, la situation des officines est très compliquée. Sur les 21 591 officines françaises, une pharmacie a fermé tous les deux jours en 2015.
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Par ailleurs, la moyenne d’âge des pharmaciens est élevée, soit 50,2 ans, alors que les étudiants ne sont plus que 30% à suivre la filière officine au cours de leurs études. À ce rythme, 2 000 pharmacies pourraient disparaître dans les prochaines années. Il faudra désormais effectuer plus de kilomètres pour aller chercher ses médicaments…
Une baisse du chiffre d’affaires
Parmi les nombreuses raisons qui peuvent expliquer cette situation, François Gayon, président de l’Union nationale des pharmacies de France (UNPF) pour l’ex-Basse-Normandie, pointe du doigt une baisse du chiffre d’affaires. Ce dernier exerce à Argentan (Orne).
Depuis plusieurs années, les prix des médicaments remboursés ne cessent de baisser, indique-t-il à Normandie-actu. Cela nous impacte directement car la Sécurité sociale ne rembourse pas la différence aux pharmacies. Nous sommes confrontés au plan de financement de la sécurité sociale.
François Gayon évoque également les fermetures des cabinets et les déserts médicaux. « Une pharmacie ne peut pas survivre dans un village où il n’y a plus de médecins, ce n’est pas possible. »
Enfin, la désaffection des étudiants pour la filière officinale est aussi un véritable problème.
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Il faut dire que le métier attire de moins en moins, on travaille six jours sur sept, 60 heures par semaine et les capacités de financement de nos entreprises ne cessent de diminuer…

Des partages de licence
Si le nombre d’officines vertes qui ont mis la clef sous la porte en 2016 n’est pas encore connu en Normandie, « plus de 50% des pharmacies sont en difficulté » dans la région, assure le représentant de l’UNPF.
Mais François Gayon a plusieurs solutions pour sortir de cette mauvaise conjoncture.
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Notamment la mise en place de partage de licence entre différentes pharmacies. « Certaines pharmacies de campagne pourraient ouvrir seulement quelques jours dans la semaine et partager leurs licences avec une autre pharmacie plus proche d’une agglomération », expose-t-il.
Des pharmacies mobiles
Le pharmacien ornais fourmille d’idées. « On pourrait aussi imaginer des dépôts de médicaments dans les petits villages ou des pharmaciens qui iraient directement chez les patients leur apporter leurs remèdes. » Une manière, selon lui, de décharger le pharmacien du coût d’une officine.
Des solutions, il y en a, mais la législation française est « trop figée et trop rigide » pour les mettre en place, conclut le professionnel ornais.