Saura-t-on enfin la vérité sur la disparition et la mort de la petite Fiona ? Devant les assises du Puy-de-Dôme s’ouvre lundi 14 novembre 2016, le procès de la mère de l’enfant et son ex-compagnon, qui avaient fait croire à la France entière à l’enlèvement de cet enfant de cinq ans en 2013, avant d’avouer sa mort.
Ils risquent 30 ans de prison
Cécile B. et Berkane M., âgés respectivement de 29 et 35 ans, sont accusés de violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner sur mineure de moins de 15 ans, par ascendant ou par personne ayant autorité et en réunion, de non-assistance à personne en danger et de recel ou dissimulation de cadavre. Ils encourent 30 ans de réclusion criminelle.
Les dix jours de procès à Riom devront tenter de déterminer leurs responsabilités respectives dans la mort de la fillette et d’en savoir plus sur le sort réservé à sa dépouille, restée introuvable malgré plusieurs campagnes de fouilles.
Quatre mois de recherches pour rien
Le 12 mai 2013, la mère de Fiona avait déclaré sa disparition dans un parc de Clermont-Ferrand, alors qu’elle s’était assoupie, exténuée par sa grossesse. Un mensonge inventé de toutes pièces qui mobilisera, outre les enquêteurs, de nombreux habitants de Clermont-Ferrand partis à la recherche de l’enfant, émus par la détresse affichée de la jeune femme.
Mais son attitude calme et détachée intrigue. Les écoutes révèlent que Cécile B. fait même des emplettes à Vichy pour soigner son apparence. Et dans l’ordinateur du couple sont aussi découvertes des images se rapportant à plusieurs affaires de disparition d’enfant, dont celle de Typhaine, battue à mort par ses parents au même âge que Fiona à Maubeuge (Nord).
Interrogés quatre mois plus tard dans un commissariat de Perpignan, l’histoire inventée par le couple s’effondre. Connus pour toxicomanie, ils avouent le décès de l’enfant, la mère et son compagnon s’accusant mutuellement d’avoir porté les coups mortels.
Car Fiona serait décédée d’un « enchaînement fatal de violences », selon la juge d’instruction chargée de l’enquête. Pour son dernier jour d’école, Fiona était, en effet apparue sans énergie, la mine grise et les yeux cernés au point d’être comparée à « un petit cadavre », selon un témoin de l’établissement scolaire. Le lendemain au cinéma, elle avance comme un « zombie ». Un bandeau vise à cacher un hématome au niveau de la tempe de son visage partiellement tuméfié.
Des signaux d’alarme ignorés
« Le vrai débat sera de savoir qui a porté les coups mortels à Fiona. Or, Cécile B. assure qu’elle n’a jamais porté la main sur sa fille », ont indiqué à l’AFP ses avocats, Mes Gilles-Jean et Renaud Portejoie.
De son côté, Berkane M. semble « désireux de s’expliquer », selon son conseil Me Mohamed Khanifar.
Il n’accepte pas d’être injustement accablé pour un crime qu’il n’a pas commis et, bien qu’il soit incapable de s’en souvenir, il souhaite réellement que le corps de Fiona soit retrouvé », dit-il.
Les anciens concubins ont indiqué aux enquêteurs l’avoir enterré, nue, à la lisière d’une forêt près du lac d’Aydat, à une vingtaine de kilomètres de Clermont-Ferrand. Mais ont-ils dit encore une fois toute la vérité ?
On va prendre le temps, décortiquer cette affaire comme on ne l’a jamais fait auparavant. J’espère qu’on en saura plus à l’issue du procès, car tout est possible », ont estimé les avocats de la mère.
Sept associations de protection de l’enfance se sont portées parties civiles. « Il y a eu à plusieurs reprises des clignotants qui se sont allumés. Pourquoi n’a-t-on pas agi avant ? On ne peut pas tourner la tête et se dire que ça ne nous regarde pas. Toute la société doit se sentir responsable », estime Me Antoine Portal, avocat de la Fédération des comités Alexis Danan pour la protection de l’enfance. Le verdict est attendu le vendredi 25 novembre 2016.