Deux ans bientôt après la mystérieuse disparition d’un avion de la Malaysia Airlines, Ghyslain Wattrelos, proche des victimes françaises du vol MH170, originaire de Saint-Aubin-sur-Scie, près de Dieppe (Seine-Maritime), demande à ce que la justice française mène une enquête sur les passagers de cet avion, dont la disparition reste l’un des plus grands mystères de l’histoire de l’aviation civile.
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Deux années d’attente et de doutes
Le 8 mars 2014, 239 passagers et membres d’équipage embarquent à Kuala Lumpur (Malaisie) à bord d’un Boeing 777 de la Malaysia Airlines, à destination de Pékin (Chine). Parmi eux, quatre proches de Ghyslain Wattrelos : son épouse Laurence (51 ans), sa fille de 13 ans, son fils de 17 ans, ainsi que la petite amie de ce dernier (17 ans). Peu de temps après le décollage, l’avion disparaît des écrans radars, et, depuis, aucune thèse ne permet de donner des explications à ce mystère.
En décembre 2015, des magistrats instructeurs français se sont rendus en Malaisie, parmi une délégation d’une douzaine de personnes, d’où ils sont « revenus avec beaucoup de documentation », comme l’explique à l’AFP Ghyslain Wattrelos. Ce dernier a toujours eu des doutes sur la thèse de l’accident, évoquée par la justice malaisienne. Il entend désormais que la justice française revoit l’enquête réalisée en Malaisie. Ceci passe notamment par l’étude d’une vidéo de l’entrée des voyageurs à bord de l’avion.
Il faut vérifier le nombre de personnes qui rentrent. Cela correspond-il au nombre de passagers ? Sont-elles les personnes indiquées sur les passeports ? », s’interroge le proche des victimes françaises, qui demande également la communication de données recueillies par les radars militaires de Malaisie, ainsi que celles d’Inmarsat (pourInternational maritime satellite organization, une compagnie de télécommunication)
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Selon les éléments de l’enquête recueillis, l’avion a disparu des écrans au-dessus du Sud du Vietnam, trois minutes après un ultime contact avec la capitale malaysienne, à 1h19. Un membre de l’équipage clôt l’échange par un « bonne nuit », rapporte une source proche de l’enquête française. À 1h38, le contrôle de Ho-Chi-Minh-Ville s’inquiète auprès de Kuala Lumpur de l’absence de contact radio avec le MH370. Il semble faire demi-tour vers la Malaisie. Et « l’avion (a) continué à voler pendant quatre heures après son dernier contact radar civil. »
Acte volontaire ou accident ?
Dès le premier rapport de synthèse de l’enquête française rédigé en mai 2014, les deux pistes, celle de l’acte volontaire et celle de l’accident, sont envisagées. À l’appui de la première :
La disparition soudaine de l’image de l’avion » sans appel de détresse préalable et « l’embarquement de passagers sous de fausses identité également », selon ce rapport consulté par l’AFP.
Les hypothèses de trajectoires « permettent d’accréditer l’affirmation que l’aéronef a été piloté tout le temps ». Mais même si l’avion a continué de voler après sa disparition, l’accident « reste possible, car, par le passé, plusieurs appareils ont continué à voler de nombreuses heures jusqu’à épuisement du carburant », relève l’auteur de ce document.
C’est pour connaître la trajectoire de l’avion dans ces heures de vol en silence que des données de radars militaires pourraient être utiles. L’enquête malaisienne n’a pas permis de trouver d’élément permettant de suspecter le pilote ou le copilote, rapporte une source proche de l’enquête française. Les Malaisiens ont même fouillé dans la mémoire d’un jeu de simulation de vol du commandant de bord, pour voir s’il ne se serait pas entraîné à des manœuvres suspectes.
Parmi les passagers, ils se sont intéressés à un Ouïghour, minorité musulmane chinoise, mais il s’agissait d’un artiste qui semble ne pas être suspect, poursuit cette source.
Deux Iraniens de 29 ans et de 18 ans, voyageant avec de faux passeports, ont fait l’objet de vérifications. Selon des renseignements fournis par Interpol, l’un entendait rejoindre en Allemagne, avec un faux passeport, sa mère et son jeune frère, qui y demandaient l’asile. Il serait entré légalement en Malaisie, y serait resté une semaine environ, le temps de trouver un faux document ,et aurait prévenu ses proches de venir le chercher à l’aéroport de Francfor,t au terme de son voyage depuis Kuala Lumpur, via Pékin et Amsterdam, a détaillé la source.
Quant à l’autre, il aurait également prévenu des proches, à Göteborg en Suède, cette fois, de son intention de rejoindre l’Europe. Mais pour Ghyslain Wattrelos, des vérifications plus poussées sur ces deux hommes s’imposent.
Avec l’AFP