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Disparition de Mathis, à Caen. Le père révèlera-t-il où il a caché l’enfant ?

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Sylvain Jouanneau, lors de son interpellation, après trois mois de cavale. (DR)
Sylvain Jouanneau, lors de son interpellation, après trois mois de cavale. (DR)

Procès. Depuis le 4 septembre 2011, date à laquelle l’accusé devait rendre Mathis, 8 ans, à sa mère, Nathalie Barré, au terme d‘un droit de visite, à Caen (Calvados), personne n’a revu l’enfant. Son père assure l’avoir confié lors de sa « cavale » de l’automne 2011, à des personnes de confiance. « Mes frères musulmans», dit-il. Depuis son interpellation le 9 décembre 2011, près d’Avignon, le père, qui était alors seul, reste muré seul à l’isolement dans sa cellule. Mais aussi dans son silence : depuis 1 300 jours, il refuse obstinément de dire où est son fils.

> L’enquête : Disparition de Mathis, 8 ans, à Caen. Près de quatre ans de mystère

Le dossier fait 15 000 pages. Selon les experts, l’accusé éprouve un « sentiment de toute puissance à mettre en échec tous ceux pour lesquels il a du ressentiment. » Un procès public (devant la cour d’assises du Calvados, à Caen, du 1er au 5 juin 2015), où il sera confronté à la « désapprobation sociale » fera-t-il sortir cet homme rigide, seul contre tous, de son armure ?
Souffrant de troubles de la personnalité, qui ont entrainé plusieurs hospitalisations, traitement médicamenteux et suivi psychothérapique jusqu’en 2004, Sylvain Jouanneau semble l’homme d‘un seul bloc.
Ses cahiers rédigés en prison témoignent d’une écriture serrée, régulière, presque scolaire. Et sans jamais aller à la ligne. De même, les recueils d’articles de journaux collectés en détention apparaissent très soigneux. En revanche, les changements peuvent se révéler abrupts : submergé dans son job d’assistant qualité, il plaque tout et devient maçon en intérim.

Sylvain Jouanneau et son fils, Mathis.
Sylvain Jouanneau et son fils, Mathis.

« Il est avide d’étayage relationnel »

Entretient-il une relation avec une jeune Marocaine, côtoyée sur un site de rencontres, il se convertit à l’islam en vue d’un mariage qui ne pourra se concrétiser. « Il est avide d’étayage relationnel », notent les experts. Lorsqu’il rencontre Nathalie Barré, il n’a connu que de brèves aventures. « Son mariage, c’était un engagement pour la vie », assure son avocat, Me Véronique Demillière. Entre Sylvain Jouanneau, surinvesti dans sa nouvelle mission paternelle, et Nathalie Barré, confrontée aux difficultés de deux adolescents nés d’une précédente union, les difficultés sont vite apparues au sein de cette famille, en partie recomposée. Les difficultés familiales ont tourné à la crise conjugale. « J’aurais pu la tuer, elle m’a trahi », a déclaré l’accusé à propos de sa séparation avec son ex épouse. Le divorce devient conflictuel : les plaintes s’accumulent. Pour non représentation d’enfant de la part du père, qui éprouve, dit-il, des difficultés dans son droit de garde. Pour maltraitance de la part de la mère s’inquiétant pour son fils enfermé à copier des lignes sur un cahier de punition.
Le reportage de France 3 :

Un enlèvement minutieusement préparé

L’enlèvement de Mathis ne relève pas d’un coup de tête: en janvier 2011, l’accusé a fait une première tentative en emmenant son fils jusqu’à Bordeaux. Sous la pression de sa compagne de l’époque, il a ramené l’enfant. Et le second enlèvement a été minutieusement préparé : réserve de 30 000 euros en liquide évitant toute trace de paiement bancaire, jeux pour occuper l’enfant durant la voyage, téléphone portable renvoyé par la Poste pour brouiller toute géolocalisation. La cavale de Sylvain Jouanneau a été reconstituée. Comporte t-elle un épisode tragique : la mort de l’enfant tué par son père voulant faire souffrir éternellement la mère. C’est le syndrome de Médée tiré de la mythologie grecque. « Mon client hurle lorsqu’on dit qu’il a pu tuer son gamin. Et s’il ne dit pas où il se trouve, c’est parce que cela reviendrait, dit-il, à envoyer en prison ceux qui l’hébergent actuellement », fait valoir son avocat.
Dans sa propre prison, Sylvain Jouanneau rencontre régulièrement l’aumônier. Il ne reçoit d’autres visites que celles de ses parents qui déplorent son silence. Peu avant l’audience, ils se sont constitués partie civile en tant que grands parents de Mathis.

Jean-Pierre Beuve


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