En octobre 2014, déjà, le syndicat CGT de la raffinerie Total de Normandie exprimait des inquiétudes sur le maintien des chaînes de production des huiles utilisées dans la fabrication des carburants automobiles. Il passe des doutes à la colère. Vendredi 21 novembre 2014, un comité d’entreprise extraordinaire est convoqué sur le site de Gonfreville-l’Orcher, près du Havre, pour aborder la fermeture d’une des deux chaînes de production en fonctionnement sur le site.
50 emplois sont menacés, hors sous-traitants », s’indgne le secrétaire général CGT de la raffinerie, Thierry Defresne. Cette fermeture devrait intervenir, avant septembre 2015, date à laquelle la chaîne concernée, devait bénéficier d’un arrêt « maintenance ».
Un outil de production exclu du programme de modernisation de Total
Ces huiles sont de natures différentes. Les unes sont minérales quand les autres sont dites de semi-synthèse ou de synthèse. « Avec la transformation du marché de l’automobile, ce sont les huiles du second groupe qui ont, aujourd’hui, la faveur de nos clients », détaille le représentant syndical. Le groupe Total programme, de fait, la fermeture de la chaîne de production des huiles minérales, boudées par le marché.
La décision ne surprend cependant pas Thierry Defresne, plus que cela. En octobre, il expliquait déjà que cet outil de production n’avait pas bénéficié de l’important programme de modernisation de la plateforme Total de Normandie. Un investissement de 740 millions d’euros. Il voyait cette exclusion comme le signe avant-coureur d’un « drame futur ». Aujourd’hui, l’annonce confirmée, le délégué CGT s’inquiète pour l’emploi. « 50 emplois sont amenés à disparaître avec cette fermeture. Et si l’on intègre les effectifs de la sous-traitance, on peut multiplier ce chiffre par quatre. Depuis 2009, ce sont 600 emplois qui auront disparu sur la plateforme Total de Normandie », s’énerve le salarié.
800 tonnes produites par jour, mais pour qui ?
Avec une chaîne en moins, c’est aussi le chiffre de la production qui est revu à la baisse. « Nous passerons de 1 600 tonnes d’huiles fabriquées chaque jour à 800 tonnes », détaille le syndicaliste. Les huiles sorties de l’unique chaîne en maintien seront en adéquation avec le marché : toutes, de semi-synthèse ou de synthèse. « Mais trouveront-elles des débouchés ? », interroge le secrétaire général.
L’usine TOTAL Lubrifiants de Rouen, avec qui nous travaillons, s’était engagée par le passé à produire 80% de son débit sur la base des produits issus de notre site. Mais, depuis 2012, date de la réorganisation des branches de Total au niveau mondial, elle est autorisée à travailler avec nos propres concurrents. Les huiles qu’elles traitent, désormais, sont en provenance de Corée du Sud. Ces huiles sont instables, de moins bonne qualité que les nôtres. C’est reconnu du groupe. Mais Total persiste dans sa volonté de fermeture de notre chaîne», peste le secrétaire général.
Vers un mouvement de grève ?
Vendredi 21 novembre, à l’issue du CE extraordinaire, la CGT s’exprimera pour informer l’ensemble des salariés de cette décision qualifiée d’« inique ». Le syndicat, avant la présentation du projet au comité central de groupe à Paris, prévoit un certain nombre d’actions pour contrecarrer cette décision. Il n’est pas exclu de voir annoncer, dans les prochains mois, quelques mouvements de grève sur le site de Gonfreville-l’Orcher…